Entretien Martial PIDOLLE : La filière automobile soulagée
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé ce mardi son plan de relance pour l’automobile, la filière se dit soulagée de voir que la prime à la reconversion concernera tous les véhicules et pas seulement les électriques ou hybrides. Alors que les volumes de vente reprennent plutôt bien, elle s’attend à un engouement important à partir du 1er juin.
Au bout du fil, la voix est apaisée. Presque soulagée. En cette fin d’après-midi, ce mardi 26 mai, Martial Pidolle vient de prendre connaissance du plan de relance de l’automobile tout fraîchement annoncé par le président Macron en personne. « Mon sentiment est plutôt positif. Les bonus écologiques sur les véhicules électriques et hybrides sont intéressants, tout comme l’augmentation du nombre de bornes. Mais ces derniers jours, nous avions l’impression que la prime à la reconversion ne concernerait que ces voitures. Apprendre qu’elle sera aussi proposée pour les véhicules thermiques, neufs ou d’occasion, est donc une excellente nouvelle car ils composent 90 % de nos stocks actuels. Le CNPA (Conseil national des professions de l’automobile) et les industriels ont dû peser lourd dans la balance », estime le président du CNPA Moselle, directeur général Lorraine du géant Car Avenue.
« Les clients vont devoir être rapides »
Car si en l’espace d’un an, les ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont explosé, passant de 2,6 % à 9,6 % du marché, elles restent encore marginales par rapport aux transactions essence et diesel (83,2 % du marché). Seul bémol : que cette prime de 3 000 € pour l’achat d’un véhicule thermique et de 5 000 € pour un véhicule électrique soit bridée à 200 000 véhicules : « Les clients vont devoir être rapides. Ce chiffre représente deux mois de ventes nationales. Avec la prime, cela va aller encore plus vite. » Mais le CNPA se dit déjà prêt à aller négocier une rallonge.
Martial Pidolle, directeur général de Car Avenue Lorraine, est aussi le président mosellan du Conseil national des professions de l’automobile
Car le professionnel connaît parfaitement les effets de ce genre d’opération coup de poing : « La dernière prime à la casse a été arrêtée avant son terme car elle marchait trop bien. » Faut-il s’attendre à une ruée sur les concessions à partir du 1er juin, date du démarrage de la prime ? « Parlons plutôt d’un engouement certain », tempère Martial Pidolle. D’autant plus que depuis la fin du confinement, l’activité a plutôt bien repris. Une bonne surprise : « Chez Car Avenue, nous atteignons au bout de quinze jours 80 % du volume de vente de l’an passé. C’est très encourageant. Les transactions sont très bonnes sur les voitures neuves et excellentes sur celles d’occasion. »
Un état des lieux alarmant
Voilà qui va permettre à la filière de souffler. Car l’étude menée par le CNPA entre le 8 et le 12 mai auprès de 2 000 entreprises est alarmante. « 30 % craignent la faillite et 50 000 emplois sont menacés. 63 % envisagent de prendre des mesures financières et sociales. Et 60 % de maintenir les dispositifs de chômage partiel pour au moins 50 % de leur effectif », égraine Martial Pidolle. Chez Car Avenue, qui emploie 2 000 salariés, dont 1 200 en Lorraine, si tous les effectifs sont de retour dans les ateliers d’après-vente, ils ne sont que 80 % dans les commerces. La prime à la reconversion devrait là aussi changer la donne…