Jean-Paul Bailly décoré commandeur de la Légion d’honneur
« Les forces qui agissent plutôt que celles qui réagissent »
« Etre libre, c’est être digne de confiance » : en choisissant plusieurs citations d’Antoine de Saint-Exupéry, dont celle-ci, pour ponctuer ses propos lors de sa remise des insignes de commandeur de la Légion d’honneur, Jean-Paul Bailly a sans doute voulu adresser un triple clin d’œil. Au ciel peut-être, dont on attendait qu’il fut clément. A son parrain et ami, Jean-Pierre Martin, général cinq étoiles de l’armée de l’air et ancien patron du commandement des Forces Aériennes Françaises à Metz. A ses propres valeurs assurément, que ce soit dans ses engagements militaires ou civils et professionnels, dans sa passion pour l’automobile et ses métiers comme dans son attention à la formation, à la santé, au logement, aux siens et à l’amitié bien sûr.
Ce jeudi 16 juin en fin d’après-midi a été le seul moment cohérent de la semaine dernière où il n’a pas plu… même s’il s’en est fallu d’un poil, pendant les propos de remerciements de Jean-Paul Bailly, au pied des marches du perron, dans le jardin du palais du gouverneur! Lorsque quelques gouttes ont rebondi sur les crânes et que s’est profilé à l’horizon un nuage particulièrement sombre, tout autre que lui (ou François Hollande, mais c’est juste pour la pirouette) aurait abrégé ou pour le moins accéléré le rythme de son discours, considérant que c’était déjà pas mal que cela ait tenu jusque-là ! Pas lui… Pour le nouveau commandeur de la Légion d’honneur « le ciel gris comme le ciel bleu » font partie de la vie. Il a donc continué, avec les mêmes incises, à revisiter les moteurs et les instants de sa vie,de ses engagements au niveau régional, national ou européen. Les très nombreux invités, un moment inquiets, se sont rendus compte qu’il avait raison puisque le ciel est redevenu lumineux et que même le buffet a pu se dérouler dans le jardin.
En 10 secondes : Le lien armée nation, l’automobile de Metz à Bruxelles, de la Lorraine à l’Europe : Jean-Paul Bailly aux sommets de l’Honneur.
Chef d’entreprise automobile très connu dans la région et dont le groupe, repris et développé par son fils Stéphane Bailly, rassemble aujourd’hui 1300 collaborateurs sur 55 sites, Jean-Paul Bailly a donc reçu des mains de Jean-Pierre Martin les insignes de commandeur du plus prestigieux des ordres. Le fait que cette cérémonie soit accueillie au cœur d’un lieu symbolique de la présence militaire à Metz tout comme la Marseillaise qui a suivi la remise, illustraient le lien armée-nation qui a été une des constantes de la vie du décoré.
Son parrain puis lui-même l’ont évoqué, parlant de ce passage par la préparation militaire supérieure, du choix de Saumur et de la cavalerie mais surtout de celui qui a consisté, pour le jeune chef d’entreprise, à aller combattre en Algérie alors que l’Allemagne aurait pu constituer une affectation moins risquée. Il y commandera en opérations, au sein du 9e RCA, celui-là même où Jacques Chirac s’était distingué. « C’est là que j’ai appris le commandement, la responsabilité qui est aussi celle de la sauvegarde de ses troupes ».
L’engagement de Jean-Paul Bailly au sein des officiers de réserve puis de l’IHEDN (institut des hautes études de la défense) fera de ce choix une constante de vie. Entre-temps, celui qui, jeune, ambitionnait de faire médecine ou Hec s’était inscrit à l’ICN dans la foulée de la reprise de l’affaire automobile familiale au décès de son père alors qu’il n’avait que 18 ans. Avec son frère Patrick il la développera pendant 40 ans le groupe Bailly avant que son fils Stéphane (« tu es ma fierté » lui dira-t-il) reprenne les rênes opérationnelles en 2006 et fasse encore franchir une étape spectaculaire à l’entreprise.
Invitation pour le récipendaire à « revisiter sa vie » comme le dira Jean-Paul Bailly, « une remise de médaille n’est pas une fin en soi mais une invitation à s’investir ». Il le fera en regroupant en quelques phrases son testament pour le futur.